En 1942, les allemands ont voulu renforcer leurs possibilités en télécommunications entre le nord et le sud de le France, les lignes téléphoniques dans le massif central étant pratiquement inexistantes.

Une commande d'une liaison "clef en mains" entre Clermont-Ferrand et Millau en câbles à 4 quartes étoiles en fils de 1,2 mm et d'une capacité de 33 nf/km sous enveloppe en plomb et armure en feuillards acier a été passée à la Sat.
La fabrication de ce câble a été confiée à la Câblerie de Riom (CSEE). La pose et le raccordement étant effectués par la Sat. Le cahier des charges imposait la possibilité d'utilisation de cette liaison en haute fréquence à 12 voies.

Le personnel de la CSEE et de la SAT, sachant que cette liaison était d'une grande importance pour l'armée Allemande a tout fait pour retarder la livraison des câbles, ralentir au maximum la pose et le raccordement.
En définitive la mise en service a été faite fin 1945, après la fin de la guerre. Cette liaison a été exploitée en basse fréquence, pendant quelques années à la satisfaction générale.

Le trafic téléphonique augmentant, les PTT dans les années 50 ont équipé cette ligne de répéteurs pour l'exploiter en haute fréquence à 12 voies. A leur surprise, ils constatèrent que la liaison était totalement inutilisable à cause de très gros problèmes de diaphonie.

Une enquête a permis de connaître les raisons de ces dysfonctionnements.

Afin d'empêcher les Allemands d'augmenter le nombre de voies téléphoniques en exploitant la liaison en haute fréquence, quelques longueurs de câbles avaient été sabotées en usine par 2 ingénieurs.

Ce sabotage consistait à créer de très grands déséquilibres de capacité entre paires en "dépairant" les quartes à chaque extrémités de quelques câbles sur une longueur de plusieurs mètres. Le déséquilibre crée à une extrémité était compensé par un autre déséquilibre de même valeur mais de sens opposé à l'autre extrémité. En conséquence les mesures de déséquilibres de capacité faites en basse fréquence étaient toujours excellentes et les câbles étaient réceptionnés par les Allemands sans aucun problème.

Ces défauts n'avaient aucune conséquence sur le fonctionnement en basse fréquence mais interdisaient tout fonctionnement en "courants porteurs".
Ces quelques câbles avaient été affectés à des emplacements très précis sur le terrain pour polluer la totalité de la liaison.

Les P.T.T. ont du commander à la CSEE quelques longueurs de câbles pour remplacer par des "baguettes" de quelques mètres toutes les parties des câbles qui avaient été sabotés.

Ce travail ayant été effectué la liaison a été réceptionne sans aucun problème.

J.C.F.